Shinji Mikami dénonce la censure des jeux par le système CERO
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Le cri du cœur de Shinji Mikami : Contre un système qui entrave le plaisir des joueurs

Les amateurs de jeux vidéo le savent bien, les systèmes de classification des jeux existent dans le but d’informer et de protéger les consommateurs, notamment les plus jeunes. Pourtant, derrière ces intentions louables, se cachent souvent des restrictions qui peuvent étouffer la créativité et l’expérience de jeu. C’est exactement ce que pointe du doigt Shinji Mikami, le créateur légendaire de Resident Evil, dans une critique accablante du système de notation japonais, le CERO (Computer Entertainment Rating Organization).
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La rigidité du CERO : un frein pour les développeurs et les joueurs

Imaginez un peintre auquel on imposerait des contraintes sur les couleurs qu’il peut utiliser sous prétexte que certains pigments pourraient choquer les âmes sensibles. C’est un peu la situation des développeurs de jeux vidéo au Japon, asphyxiés par des normes rigides qui limitent leur expressions créatives.

Shinji Mikami souligne que le système CERO est non seulement rigide mais aussi lourd de censure. Ce n’est pas juste une question d’âge minimum. Les restrictions s’étendent à des éléments cruciaux comme la violence, la sexualité, et même certains aspects de la narration. Pour un créateur, c’est un véritable casse-tête : comment offrir une expérience immersive et authentique si chaque scène doit être passée au crible de critères parfois absurdes ?

À titre d'exemple, alors que les standards occidentaux comme le PEGI en Europe ou l'ESRB aux États-Unis offrent plus de souplesse, CERO est accusé de jouer les censeurs draconiens. Là où un jeu pourrait passer sans problème en Europe, il doit souvent être modifié, voire mutilé, pour arriver sur le marché japonais.

Un impact direct sur le plaisir des joueurs

La frustration de Mikami n’est pas sans fondement. Les joueurs, eux aussi, en paient le prix. Un jeu est plus qu’un simple divertissement, c’est une plongée immersive dans un autre monde, où chaque détail compte pour créer une illusion de réalité, aussi intense que captivante.

Avec des règles trop strictes, cet équilibre est directement menacé. Imaginez jouer à un thriller où, pour des raisons de conformité, toutes les scènes critiques de suspense ou de violence ont été édulcorées. Le résultat ? Une immersion partielle, une expérience de jeu amoindrie, une perte de plaisir.

Prenons l'exemple de Resident Evil. Ce jeu culte, célèbre pour ses atmosphères oppressantes et ses scènes de frayeur stark, pourrait perdre de son âme et de son attrait sous les ciseaux de la censure. Les jeux ne sont pas que des produits de consommation, ils sont aussi des œuvres d'art, et les régulations telles que celles du CERO peuvent extriper leur essence même.

Vers un avenir plus équilibré ?

Le débat sur les systèmes de classification pousse à une réflexion plus large sur la liberté créative et la protection des consommateurs. Faut-il vraiment sacrifier l’une au nom de l’autre ? Ne peut-on pas trouver un juste milieu qui permette de préserver l’intégrité artistique tout en protégeant ceux qui en ont besoin ?

L’industrie du jeu vidéo est une industrie culturelle à part entière. Elle mérite un cadre qui encourage l’innovation sans pour autant brider excessivement la créativité. Espérons que les vives critiques de personnalités comme Shinji Mikami ouvrent la voie à une révision des normes actuelles, non seulement au Japon, mais aussi ailleurs.

Un cadre moins restrictif serait bénéfique non seulement pour les créateurs, mais aussi pour les joueurs qui, après tant d’heures passées à explorer des univers virtuels, méritent une expérience sans compromis.

Dans l’ensemble, la critique de Mikami met en exergue une tension palpable entre contrôle et créativité, protection et plaisir. Alors que les systèmes de classification doivent rester en place pour des raisons évidentes, ils ne doivent pas devenir une camisole de force pour les développeurs ni un frein au plaisir des joueurs. Le débat reste ouvert, et seul un dialogue constructif entre régulateurs, créateurs et consommateurs permettra de naviguer ces eaux complexes.

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